De la guitare classique au luth, il n’y a qu’un pas, que j’ai finit par franchir en 1997, lors de la préparation de mon album solo Pierrots & Arlequins. Le théorbe est un instrument de la famille du luth, qui a deux particularités par rapport à ce dernier : d’une part le jeu principal est composé de 7 cordes simples (non doublées) et d’autre part il possède un second jeu de 7 cordes « hors manche » monté sur un deuxième cheviller, qui se jouent comme une harpe.
Cet instrument étonnant fut très populaire au 17° siècle où il accompagnait les chanteurs lors des représentations des opéras baroques, mais il possède aussi un large répertoire soliste.
Par rapport à la guitare classique, le théorbe a un son plus intime, nostalgique, beau à pleurer. Ses résonances et sa douceur en font l’instrument idéal de la confidence, du retour sur soi. En somme, c’est le spleen et le fado qui s’invitent dans les châteaux !
J’ai humblement composé une suite pour cet instrument (Les Trois dames de Mantoue), essayant de rendre hommage, à mon échelle, aux grands compositeurs baroques comme John Dowland ou Gauthier Le Vieux. Oui, nous sommes bien loin du rock… et alors ? A noter que le théorbe apparaît également dans l’album Capitaines (2009) sur ce que je considère comme l’un de nos meilleurs morceaux : La Route, où un arpège parfois dissonant sert de fil conducteur et d’ossature à toute la pièce.
Ce modèle résonne magnifiquement dans une église, dans des conditions intimes ou de studio mais est très difficile à sonoriser sur scène « rock ». J’ai eu pourtant le culot d’en jouer avec Vital Duo lors de plusieurs concerts, ainsi que lors d’une soirée mémorable en 1998 avec nos amis du groupe XII Alfonso